Un Homme pressé

Depuis toujours, attendre pour attendre m’apparaît comme grotesque. Comment garder le sourire, l’esprit zen alors que je trouve, que mes compères humains mettent un temps infini, à se mettre en route à s’actionner ? Autant le dire tout de suite, ce que j’exècre par-dessus tout, c’est l’immobilisme. Attendre mon tour… Quelle horreur ! Quelle perte de temps incroyable ! C’est plus fort que moi, j’essaie de faire bonne figure, mais jamais bien longtemps… Si l’attente perdure, je peux perdre littéralement mon sang-froid… Pour ma mère, mon principal trait de caractère est mon impatience chronique. Petit déjà, elle me répétait qu’elle ne pouvait pas, même si elle voulait, aller plus vite que le tempo ! Bien sûr, elle m’a chanté tous les couplets sur les bénéfices du temps et de la patience, la pauvre ! La pauvre, peut-être, mais fort maligne, car voyant qu’elle n’avait aucune emprise par les bons mots, ma mère choisit l’option de l’acquis par l’expérience ! Pour l’aider dans cette lourde tâche, elle fit appel à Papy casquette. Un brave type de la ville qui adore la campagne ! Un homme pas causant, le grand-père ! Nous avons commencé à nous voir fréquemment. Il m’a pris sous son aile…

 

Papy casquette m’emmenait partout avec lui le week-end, c’est à dire, loin de chez nous, dans sa campagne. L’endroit où il se sentait bien, où le temps s’échappait selon lui. Nous avions droit à la partie jardinage. Sans apparat ni tumulte de la vie, nous bêchions, semions et arrosions les semences. Ensuite pour moi c’était stupéfiant, nous devions subir les caprices et bons vouloir de cette Dame Nature. Papy casquette me rabâchait qu’il faut laisser opérer la magie. Il me disait que la nature fait sa belle ; elle aime surprendre et elle récompense souvent nos efforts et nos attentes. Trop long pour moi, j’avoue. Il aimait à dire à qui veut l’entendre qu’elle est une des mémoires de l’Humanité, qu’il faut être proche d’elle pour qu’elle ose dévoiler ses mystères. Une grande dame, la nature !

 

Ce que j’aimais par-dessus tout lors de nos escapades camping, c’était quand la nuit tombait, Papy casquette se mettait alors à me parler… Il me révélait les noms et l’histoire des constellations d’étoiles. Il m’énonçait le nom de ses êtres chers, qui pour lui, brillaient dans les ciels clairs. Pour lui, une étoile filante c’est un clin d’œil que lui fait l’un d’entre eux ! Celle dont il me parlait le plus longuement « Mily ». C’est le nom affectueux de ma grand-mère. Il me disait « Elle me fatiguait souvent. Elle était comme toi, vive et impatiente. Tout devait être rondement mené ; sur les chapeaux de roue ! On riait beaucoup ensemble surtout de ses mésaventures liées à son tempérament. Tu verras, par toi-même, si tu ne te tempères pas un peu ! Maintenant, elle me manque et ses frasques aussi. » Il pensait que je ne me souvenais pas d’elle. Effectivement, je n’ai pas d’image de son visage, pas sa voix, mais, l’odeur de la pêche chatouillant mon nez à sa simple évocation. Je me souvenais aussi de ses délicieux gâteaux.

 

Papy casquette me narra avec tendresse comment ils s’étaient rencontrés et leur amour. Il en profita pour me donner des conseils précieux d’homme à petit garçon. L’un des rares moments de ma vie où le temps n’existait pas. Une nuit étoilée avec Papy casquette. L’éternité de ma jeunesse. Il me racontait des histoires à dormir debout. Sa voix rauque m’emportait dans mille et un voyages imaginaires… Je m’endormais apaiser. Mais, ce qui me fit découvrir de pire, c’est la pêche. Rien que d’y songer, j’ai mal au ventre ! La première fois, je ne savais pas ce qu’il m’attendait. Je rêvais d’aventures… « Tom Sawyer, c’est l’Amérique ! » J’aurais dû me méfier, voyant Papy casquette, prêt à l’aube, frais et heureux comme un gardon. Sur le chemin, il me conseilla vivement une fois sur place de rester calme et silencieux. La pêche, pour lui, c’est le repos du guerrier. Il faut en être digne et savoir l’apprécier à sa juste valeur. Rares moments où l’on baisse les armes… Il a poursuivi en me disant que nous allions pouvoir, enfin, nous entendre penser. Écouter notre petite voix intérieure !

 

Au bout de deux heures à contempler l’eau et nos cannes à pêche, je ne tenais plus en place. J’avais faim de vie ! Mon corps ne demandait qu’à courir. Je me dandinais, me mettais à me plaindre… Je voulais me dégourdir les jambes. Je commençais à sauter à droite, à gauche… Soudain, j’ai croisé le regard de Papy casquette, là, je me suis calmé directement. J’ai vu, dans ses yeux, que si je continuais, j’allais finir attacher à un arbre, peut-être même ballonné ! Tout cela, sans une parole prononcée, on peut dire qu’il m’impressionnait Papy casquette. De retour de son loisir préféré, il bougonnait ! Pour être honnête, je lui avais un peu gâché son plaisir. Il m’expliqua longuement que cela ne sert pas à grand-chose d’être constamment branché sur du dix mille volts. À chaque situation, un rythme à suivre. Si l’on veut aller loin, sans trop d’encombres mieux vaut savoir s’adapter et apprécier les moments de sérénité ou de joie. Moi, j’en étais arrivé à la conclusion que j’étais un guerrier qui n’avait pas besoin de repos ! Songeant à ces souvenirs d’enfance, je réalise maintenant mes privilèges de l’avoir comme grand-père et je me rends compte que ces moments en tête à tête avec lui me manquent.

 

Moi, qui suis l’homme toujours pressé. La vie en a décidé autrement ! Elle m’a stoppé net !

 

J’aurai du savoir que ma réalité ne collerait pas à mon imaginaire, que tout ne se ferait pas dans la facilité, à la vitesse souhaitée. Je souris à l’idée que Papy casquette me voit là, coincé avec moi-même… Il serait bien capable de m’apporter un bulbe puisque j’aurai le bonheur de le voir pousser ! Ma position l’amuserait, j’en suis sûr ! Il me trouverait dix mille raisons de profiter pleinement de cette situation au combien ubuesque !

 

Ma vie rêvée ! Je me souviens qu’un jour d’ennui, je devais avoir huit ans, j’ai dessiné ma vie sur un bout de papier. J’ai tout planifié que ce soient mes axes scolaires, l’âge de l’obtention de mes diplômes, du permis de conduire, de mon mariage… Ou encore quel serait mon métier… Le genre d’appartement que j’aurai… Bref la totale ! Au fil du temps, ce bout de papier s’est transformé en mon cahier de chevet fétiche. Grandissant j’annotais dans la marge, le peaufinais. J’encadrais mes priorités, cochais mes premiers succès et je rayais nerveusement mes premiers échecs ! Attention rien d’un journal intime, rien de secret, rien sur mes états d’âme, encore, moins de déballage sur untel ou untel. Une vie rêvée pour espérer tenir le temps dans ma main.

 

Grain de sable ! Tout se prévoit excepté les rencontres et les réactions humaines ! Mes propres émotions… J’ai appris à mes dépens, que tout ne se cantonne pas à un simple cahier de chevet. Souvenir de ma période déclic. Vingt-trois ans l’écharpe au vent. Des rêves de hauteur. On pense avoir toutes les cartes en main. S’imaginer invincible. Rester donc plus qu’à œuvrer !
 
Depuis des lustres, nous étions cinq inséparables. Quatre gars pour une minette pas midinette pour trois sous. Forgés par nos influences réciproques. Une bande de bons copains de longue date. L’impression de se connaître depuis toujours. Les cinq doigts de la main !
Adolescents, nous avions découvert avec joie que les parents de Stefano avaient une grande maison dans un trou perdu. Il faut être motivés pour y rencontrer âmes qui vivent ! Un vrai QG pour nous retrouver. D’année en année, nous étions bien rodés, ultras organisés pour tenir le siège… Notre version autarcie. Notre territoire de rires, de bonnes bouffes. Nos premières grandes fêtes avec tous nos potes ; les fêtes de fin d’examens ou de nos 18 ans ont eu lieu là-bas. Interdit aux parents. Notre défouloir de « On refait le monde ». De confrontations intellectuelles, débats politiques surtout notre sas de décompressions… Nous tombions les masques… Musique à fond, danser, se relâcher dans la joie. Des jolis temps de récupération autour d’un feu. Dans le jardin, c’était de folles parties de ping-pong, défis au dribble, aux pompes. Le comble, Luna dit « Lulu » n’est jamais la dernière. La bougresse ! Je suis certain, elle s’entretient… C’est l’époque la plus agréable de ma vie JD « jeune déjanté ».

 

Encore conscients de notre luxe de pouvoir se ressourcer. S’échapper de nos vies respectives… Un bol de jouvence !

 

Le fameux week-end hic : Nous avions tous tiré sur nos emplois du temps, fait des pieds et des mains pour se rassembler trois jours. Chacun devant gérer ses propres impératifs : l’affectif, le travail les affaires en cours… Cinq personnes qui peinent à se régaler d’être ensemble… Les esprits ailleurs… Trois culpabilisaient du temps octroyé. La navigatrice et moi, JD le pressé, nous n’avions qu’une idée en tête : vivre à 100 %, que cela pulse ! D’autres diraient « faut que ça envoie ! »
Le soir, entre, le fatigué et ceux collés au portable, Lulu et moi avons sérieusement douté de l’envie, de chacun d’être là tout en dégustant un grand cru. Je me fis la remarque que la gamine mal dans sa peau, coincée, a fait place à une belle plante. Il lui reste son œil farouche et son franc parlé légendaire ! On en vint tous les deux, à faire le point sur les vies de chacun. Dan rayonne, va vivre la paternité. Raide dingue amoureux. Toutes ses paroles sont lancées sous le mode chabada ! Il poétise auprès de sa dulcinée dès qu’il le peut. Il nous surprend. Carl, lui ce sont les grandes études. Il thèse ! Il a les cernes et les bâillements qui vont avec… Stefano penche vers l’humanitaire et ses fameuses affaires en cours ! Je n’ai jamais vraiment su ce qu’il entendait par là… Lulu règne en reine de la fiesta ; véritable navigatrice des sphères parisiennes. Elle me met au parfum concernant les fameuses affaires de Stefano, ce sont des amourettes ! Elle rit de ma naïveté. Moi, chef de ma mini-entreprise. Pas de temps de fréquenter, rire voire pleurer… Juste 100 % au travail, à ma carrière. Lulu, à ma grande surprise, vint à comparer nos deux vies. Elle les trouvait en tous points semblables. Je n’y crois pas. Quel drôle de comparaison ! Elle argumenta sans se démonter « Nos vies sont entremêlées de vide et de vies. » Je protestais vivement « Moi, je construis ! » Elle me rétorqua alors sans ménagement qu’au vu de mon ambition et de l’énergie déployée, c’était le minimum ! Elle accrocha mon regard et mon avant-bras. Elle me chuchota : « Toi et moi, on tue le temps ! Et, tu le sais bien » aucun investissement amoureux… Elle blagua sur notre manque d’empressement à chercher la perle rare, à s’attacher à quelqu’un. Je ris. Sa pique avait fait mouche !

 

Les mois passèrent, nos escapades se réduisent à des rencontres gastronomiques. Nos croisées des chemins. Des repas où les langues se déliaient vite ! Fusaient les fusées… Certaines ont le double effet : la publique, on s’efforce de sourire poliment ; la solitaire au goût aigre-doux ! Lors d’un de ces joyeux moments, je glissais à Stefano mes difficultés face à l’expansion de ma mini-entreprise. Je m’attendais à son soutien, à une idée… Alors qu’il me répondit tout de go « Avec trop de pression, on fait les choses à moitié ! À vouloir aller trop vite, on brûle des étapes capitales. On oublie le plus important : le présent. Prévoir, c’est courir après le futur ! Il faut savoir garder la tête froide. Faut-il déjà l’avoir eue ! » Estomaqué ! Pourquoi ne l’ai-je pas écouté ? Moi, en qui tout bouille. L’homme pour qui tout doit aller vite et maintenant !

 

À cette allure, il est certain que cela ne pouvait pas durer. Les réflexions humoristiques devinrent assourdissantes. Agacé, je me réfugiais dans ma spirale infernale. À aucun moment, je n’ai pris en compte qu’ils me connaissaient bien. Inséparables. Mes signaux d’alarme ! Cinq doigts de la main !
Le concret s’en est suivi comme une évidence. Je suis tombé. Tout ce que j’ai construit, c’est démonté sans fracas. Trop difficile à digérer pour moi. Tombé dans mes propres précipitations ; les nerfs à vif. Mon comportement est devenu agressif, limite irrationnel ! Je n’avais goût à rien dans ce nouveau quotidien. Je me sentais sombrer, m’enliser. Ne me reconnaissais plus. Ne rien faire m’agacer au plus haut point. Je devais impérativement me reprendre, reprendre les rênes de mon existence…

 

C’est dans ce climat arc tendu, que je me décidais à partir en week-end au ski. Quoi de mieux pour m’aérer, pour prendre un bon bol d’air frais ? Cela allait changer les couleurs de ma vie morose. J’arrivais vendredi soir exténué par le voyage. Le chalet, un endroit cosy. Dehors, il neigeait. Tous les ingrédients étaient réunis pour que je me détende et samedi en fin d’après-midi, j’étais là… Immobilisé ! Plâtré de la tête aux pieds. À attendre… Attendre que mon corps se répare. Le temps nécessaire de me recentrer.

 

Retour sur l’évènement : Très vite, la sensation tant attendue d’être coupé du monde me mit mal à l’aise. Et, ce n’est qu’après avoir tourneboulé une bonne partie de la nuit, dans le lit douillet du chalet que je finis par m’endormir rêvant aux belles pistes enneigées.
Dans mes rêves, cela paraissait si simple de les dévaler à toute allure, le sourire aux lèvres et le palpitant qui pulse. Au petit matin, je chaussais mes skis ! Bien évidemment, pas question de perdre mon temps avec les pistes faciles ! Je n’avais plus que deux jours, pour m’en mettre plein la vue et faire le plein d’adrénaline.
Aller à l’essentiel… La montée du tire-fesses me sembla interminable. Une fois dans les hauteurs, j’avoue que je faisais moins le malin… Je voyais les autres skieurs y aller de bons cœurs ! Soyons honnête, je n’avais pas des milliards de choix, il fallait bien redescendre ! Alors, sans grande conviction, je me suis lancé… Au départ, malgré mon corps raide, cela se passait bien. Puis d’un coup, la vitesse m’a saisi à me couper le souffle !
Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur. En un clin d’œil, je sentis mes skis quitter le sol. Je déboulais… Déboulais, je ne sais sur combien de mètres… Enfin, je finis par m’arrêter. Je ne pouvais plus bouger, bloqué par le poids de la neige et de mes multiples fractures. J’ai bien cru que mon heure était arrivée !

 

Au bout d’un temps qui m’apparut infini, je percevais des bruits au loin… Des voix… Ouf ! C’étaient les secours ! Ils avaient été alertés par des skieurs qui, par chance, avaient assisté à ma longue dégringolade. Ils ont réagi vite et m’ont sauvé la vie par leur vivacité et leur solidarité ; voilà comment j’ai atterri dans cette chambre d’hôpital ! Face au temps, face à moi-même. Peut-être était-ce là ma réelle crainte ? Confronté à mon ego, à mes échecs, à mes rêves d’enfance qui n’étaient que des rêves ! Pour adoucir mes introspections douloureuses, mes amis de toujours sont auprès de moi.
Carl me fait des heures entières de lecture. Il peut aussi bien me lire le journal comme l’équipe. Il a instauré un rituel en fin de journée, il me fait des surprises littéraires cela peut-être une histoire courte ou des poèmes ou encore un chapitre d’un roman qu’il aime. Lulu m’apporte des fleurs et des gâteaux. Elle est tout en émotion. Stefano regarde par la fenêtre. Je me demande combien il a d’affaires en cours… Je le trouve préoccupé. Il soupire et demande à me voir en tête à tête. Il chassa tout le monde pour me dire ce qu’il avait sur le cœur. Il se sentait responsable de mon accident et culpabilisait de ne pas avoir pris le temps de m’aider… Il me demanda pardon.

 

Je lui souris. Des larmes coulaient sur mes joues bien malgré moi… quelqu’un toqua. Mon Papy casquette entra. Quel cadeau de le voir là ! Il me dit « Bonjour petit. Aie ! Tu as fait très fort cette fois-ci ! Regarde où ton tempérament de feu t’a mené… Ah ! Va ! Tu es déjà assez puni pour entendre des sermons. Je t’ai apporté deux trois présents… Un bulbe en pleine croissance, je viendrai l’arroser et toi, tu auras le loisir de le regarder pousser ! » Il rit. « Je sais que tu t’attendais à ça, je ne voulais pas te décevoir ! Pour que tu aies un peu de compagnies, je t’ai amené Marcel le poisson rouge et aussi un bébé tortue. Tu lui choisiras un nom. Ah oui ! J’oubliais, ta mère et ta sœur m’ont demandé de t’apporter ton portable et elles ont envoyé un CD. Il faut qu’on le regarde… »
Stefano se charge de l’installation et hop une fenêtre s’ouvre sur l’écran ! Un film court de ma petite sœur Émilie et de ma mère. Elles m’envoient des baisers, elles sourient. Elles me disent qu’elles viendront bientôt me voir… Des messages d’encouragements, d’amour… Je n’écoute plus vraiment. Je les trouve belles toutes les deux. Je regarde attentivement ma petite sœur. Elle m’épate. Elle quand elle veut quelque chose ; son esprit se fige. Elle ne pense plus qu’à cela. Sa pugnacité est dans sa persévérance. Elle peut faire, défaire, refaire inlassablement. Là où moi, je jette l’éponge par ennui Émilie s’applique. Elle a appris le piano grâce à son caractère. Je l’ai entendu s’acharner, passer des étapes et savourer. J’en ai eu des frissons et versé des larmes, caché derrière la porte à l’écouter ! Quand elle a voulu jouer au funambule. Elle est tombée, tombée à se faire vraiment mal à se décourager. Non, elle recommençait sans sourciller. Elle s’est accrochée et un jour le travail, sa légèreté et fantaisie ont fait alliance.
Depuis, ses yeux crépitent. Nous sommes si différents, mais on s’entend bien. Partager l’enfance l’adolescence avec elle ça va, j’ai eu de la chance ! Elle se débrouille très bien sans mes conseils avisés de grand frère. Heureusement sinon, elle serait dans le même bateau que moi… Ou plutôt le même plâtre !! Papy casquette me sortit de mes pensées, en me saluant et ne manqua pas de me rappeler qu’il reviendrait prochainement pour arroser le bulbe ! Il est déjà parti. Je ressens fort son affection à travers ses cadeaux farfelus. Dan le remplace au bout de mon lit. Il est heureux comme un pape, me raconte son petit, sa nouvelle tranche de vie !

 

Tous sont d’accord avec l’adage de mon médecin, concernant ma guérison : « Tout vient à point à qui sait attendre ! »

Arriverai-je à devenir un nouveau disciple de la Sainte Patience ? Il est grand temps pour moi de faire la paix avec ce petit garçon qui sommeille toujours en moi et mon imaginaire. Je dois grandir, m’apaiser. Je sais que je cours ou non ; j’aurai beau faire le sablier de ma vie s’écoule… Je décide de prendre ma situation comme un voyage initiatique avec moi-même. Le temps pour moi de mettre des pansements aux maux de mon âme, de me soigner l’intérieur. Je respire. En attendant que l’extérieur se remette en fonction. Peut-être que l’un et l’autre sont devenus indissociables dans ma guérison. Je respire. J’ai la magie du temps devant moi et le réconfort des miens pour m’en convaincre…  

                                   

                                                                                                                                                                                             Sonia Taguet